Ma lecture de L'amour dure trois ans

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Aujourd'hui dans ma tête, il y a...


...enfin ma petite recommandation de ce livre : « L’amour dure trois ans » de Frédéric Beigbeder. Si vous avez visité le blog ces derniers jours, vous avez pu voir quelques articles mettant en exergue des passages du livre (ici et ). Mais ce billet est sensé clore la série d'articles qui encensent le livre. Il faut absolument le lire. Bien sûr, ce n’est pas de la littérature à la Zola ou Maupassant mais ce livre reste une petite cerise à déguster. Très facile à lire (j’ai rarement vu plus facile), le ton de l’auteur voyage de l’humour gras à l’autodérision en passant par quelques perles d’humour fin. Les chapitres sont courts. Parfois très courts mais c’est tant mieux pour une lecture dynamique. Les phrases sont aussi courtes que les chapitres. On se rend bien compte qu’on ne fait pas plus efficace que l’élémentaire sujet-verbe-complément. Des fois même, sujet – verbe fait l’affaire. Quant à l’histoire ? Elle ne réinvente pas l’eau chaude. Un mariage qui tourne mal. C’est l'histoire de Marc Maronnier qui raconte son divorce :
- l’avant-divorce (c’est-à-dire son mariage), 
- son divorce (plus précisément les raisons qui l’y ont conduit
- et son après-divorce (comment la raison de son divorce est devenue sa raison de vivre et parfois de mourir) ;
Tout ceci paraît un peu compliqué ? Bah, c’est que je n’ai pas très envie de vous raconter le livre sinon il n’y aura plus d’intérêt à le lire. En attendant que vous couriez vous en procurer une copie (et je vous promets qu’il ne me paie pas pour faire sa promo), trouvez plus bas un florilège de certaines « citations », histoire de vous mettre l’eau à la bouche :

- Il vient d'avoir 30 ans. L'âge bâtard où l'on est trop vieux pour être jeune, et trop jeune pour être vieux.

- Car c'est soi-même qu'on abîme le plus, quand on fait souffrir quelqu'un

- Les contes de fées n'existent que dans les contes de fées. La vérité est plus décevante. La vérité est toujours décevante, c'est pourquoi tout le monde ment 

- C'est elle qui a demandé le divorce: juste retour des choses, puisque c'est moi qui l'avait demandé en mariage.

- Pourquoi n'y a-t-il personne aux divorces? À mon mariage, tous mes amis m'entouraient. (...) Où sont-ils tous ces proches qui se gavaient de petits fours à mes noces (...) on devrait toujours se marier seul et divorcer avec le soutien de tous ses amis?

- Et si l'adultère m'avait rendu adulte?

- Comment voudriez-vous qu'on reste toute sa vie avec la même personne dans la société du zapping généralisé ?

- L'homme est un animal insatisfait qui hésite entre plusieurs frustrations 

- L'amour le plus fort est celui qui n'est pas partagé.

- Qu'y a-t-il de pire: faire l'amour sans aimer, ou aimer sans faire l'amour?

- Cette rencontre m'a appris que la meilleure chose à faire dans un enterrement, c'est de tomber amoureux.

- À cet instant précis j'ai su que je donnerais n'importe quoi pour entrer dans sa vie, son cerveau, son lit, voire le reste. Avant d'être une autruche, cette fille était un paratonnerre: elle attirait les coups de foudre. 

- Pour être heureux on a besoin de sécurité alors que pour être amoureux on a besoin d'insécurité.

- Les plus belles fêtes sont celles qui ont lieu à l'intérieur de nous

- De nos jours, Descartes n'écrirait plus: "je pense donc je suis". Il dirait: "Je suis seul donc je pense" 

- Seule bonne nouvelle, le malheur fait maigrir. Personne ne mentionne ce régime-là, qui est pourtant le plus efficace de tous. La dépression amincissante.  Vous pesez quelques kilos de trop? Divorcez, tombez amoureux de quelqu'un qui ne vous aime pas, vivez seul et ressassez votre tristesse à longueur de journée.

- Il n'y a pas de femmes moches. Il n'y a que des verres de vodka trop petits.

- Sans toi ma vie est une salle d'attente. Qu'y a-t-il de plus affreux qu'une salle d'attente d'hôpital, avec son éclairage au néon?

- Être amoureux, c'est cela: un mal de ventre dont le seul remède, c'est toi!

- J'ai beau essayé de forcer le destin, celui-ci n'est pas en pâte à modeler

- L'amour est le problème des gens qui n'ont pas de problèmes 

- C'est effrayant. Tout est beau avec toi, même moi.

- À partir d'un certain niveau de douleur, on perd tout orgueil 

- Le bonheur est bien plus effrayant que le malheur

- Je n'ai pas de tabou: l'échangisme ne me choque pas. Après tout, quitte à être cocu, autant l'organiser soi-même. L'union libre, c'est cela la solution: un adultère sous contrôle.

- Surtout, j'ai appris que pour être heureux, il faut avoir été très malheureux. Sans apprentissage de la douleur, le bonheur n'est pas solide. 

Casser un verre

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... un livre au titre étrange que j’ai lu dernièrement : Sur le bord de la rivière Piedra, je me suis assise et j’ai pleuré de Paulo Coelho. Il est plein de belles citations que j’aurais aimé vous partager. Mais il y a un passage qui m’a particulièrement marqué et qui de mon point de vue stigmatise nos habitudes. Je vous le partage. Prenez la peine de le lire (jusqu’au bout) et prenez conscience des choses sans importance auxquelles nous accordons bien trop d’importance.

- Casser un verre ?
Oui, casser un verre. Un geste simple, en apparence, mais qui implique des frayeurs que nous n’arriverons jamais à comprendre. Qu’y a-t-il de mal à casser un verre ordinaire – alors que nous l’avons tous fait sans le vouloir une fois ou l’autre ?
« Casser un verre ? a-t-il répété. Pour quelle raison ?
- Je pourrais bien donner quelques explications. Mais en fait, c’est seulement pour le casser.
- A ta place ?
- Bien sûr que non »
Il regardait ce verre au bord de la table – préoccupé par l’éventualité de sa chute.
« C’est un rite de passage (…) C’est l’interdit. On ne casse pas les verres exprès. Quand nous entrons dans un restaurant, ou chez nous, nous faisons attention à ne pas laisser les verres au bord de la table. Notre univers exige que nous prenions garde à ne pas laisser les verres tomber et se briser. Et cependant, ai-je encore pensé, s’il nous arrive d’en casser un involontairement, nous nous apercevons qu’après tout ce n’est pas si grave. Le garçon dit « ça ne fait rien », et je n’ai pas encore vu qu’un verre cassé soit mis sur l’addition. Casser des verres fait partie de l’existence, et nous ne faisons aucun tort à nous-mêmes, au restaurant, à notre prochain »
« Casse ce verre, ai-je pensé au fond de moi. Parce que c’est un geste symbolique. Essaie de comprendre que j’ai cassé en moi des choses bien plus importantes qu’un verre, et que j’en suis heureuse. Considère ton propre combat intérieur et casse ce verre. Parce que nos parents nous ont appris à prendre soin des verres, et des corps. Ils nous ont appris que les passions d’enfance sont du domaine de l’impossible, (…), et que personne ne part en voyage sans savoir où il va. Casse ce verre, je t’en prie, et libère-nous de tous ces maudits préjugés, de cette manie qu’on a de tout expliquer et de ne faire que ce qu’approuvent les autres. »
« Casse ce verre » ai-je demandé une fois de plus
(…) D’un mouvement sec, il l’a poussé et fait tomber par terre.
Le bruit a attiré l’attention de tout le monde. Au lieu de s’excuser, il m’a regardé en souriant -  et j’ai souri en retour.
« Ce n’est rien ! » a crié le garçon qui servait les clients.

Ce que je retiens ? 
C’est que nous avons cassé bien plus que des verres. Et que nos chaînes sont imposées par le regard des autres. Alors pour ce mois qui débute, faisons ensemble le pari de redéfinir notre routine. De questionner nos systèmes de pensées et savoir si ce que nous pensons interdit est vraiment interdit. Faisons attention aux détails. Faisons attention à ces choses que l’on répète instinctivement et redonnons-leur un sens. Brisons notre routine. Cassons le verre.